dimanche 9 septembre 2007

Le facteur est passé!!!!

Quel texte interminable ! La Lettre du président Sarkozy n'aurait peut-être pas eu une bonne note, tant le style agace, tant la pensée semble confuse.Pour le préz', l'Ecole est dans une situation catastrophique. "La culture commune qui se transmettait de génération en génération tout en s’enrichissant de l’apport de chacune d’entre elles s’est effritée au point qu’il est plus difficile de se parler et de se comprendre. L’échec scolaire a atteint des niveaux qui ne sont pas acceptables. L’inégalité devant le savoir et devant la culture s’est accrue".
Il annonce donc des mesures qui mêlent retour à la morale et gestion du système éducatif. D'un côté c'est "récompenser le mérite, sanctionner la faute, cultiver l’admiration de ce qui est bien, de ce qui est juste, de ce qui est beau, de ce qui est grand, de ce qui est vrai, de ce qui est profond, et la détestation de ce qui est mal, de ce qui est injuste, de ce qui est laid, de ce qui est petit, de ce qui est mensonger". De l'autre des propositions concrètes.
Elles se déclinent en trois termes. D'abord la suppression de milliers de postes par la diminution des horaires. "Il y aura moins d’heures de cours, où les moyens seront mieux employés parce que l’autonomie permettra de les gérer davantage selon les besoins, les enseignants, les professeurs seront moins nombreux".
Second terme : autonomie des établissements doublée d'un contrôle étatique par évaluations. "Les établissements dans lesquels vous enseignerez auront une plus grande autonomie dans le choix de leur projet, de leur organisation. L’évaluation sera partout la règle et les moyens seront répartis en fonction des résultats et des difficultés que rencontrent les élèves".
La dernière vision présidentielle concerne l'aggravation de la sélection. "Nul ne doit entrer en 6e s’il n’a pas fait la preuve qu’il était capable de suivre l’enseignement du collège. Nul ne doit entrer en seconde s’il n’a pas fait la preuve qu’il était capable de suivre l’enseignement du lycée et le baccalauréat doit prouver la capacité à suivre un enseignement supérieur."
Comme nombre de potaches, la plume présidentielle emprunte. Telle vision joyeuse semble empruntée à Rousseau ("C’est dans les forêts, dans les champs, dans les montagnes ou sur les plages que les leçons de physique, de géologie, de biologie, de géographie, d’histoire mais aussi la poésie, auront souvent le plus de portée, le plus de signification. Il faut apprendre à nos enfants à regarder aussi bien le chef-d’œuvre de l’artiste que celui de la nature".). Telle formule qui hait les mensonges à un képi multi-étoilé.
Il faut aussi relever bien des contre-vérités. Par exemple, si notre système éducatif a ses défauts et doit progresser, comment écrire " qu’il est plus difficile de se parler et de se comprendre" ou que "l’échec scolaire a atteint des niveaux qui ne sont pas acceptables. L’inégalité devant le savoir et devant la culture s’est accrue".
La déclaration présidentielle tranche sur des questions qui vont être soumises par le gouvernement à la commission sur le métier de professeur. On peut s'interroger sur la marge de manoeuvre de la commission censée éclairer le ministre sur le métier d'enseignant et de son président…
On ne s'étonnera pas de voir le préz' revenir sur l'idée de l'autonomie des établissements comme élément de performance du système éducatif. Or son efficacité n'est pas démontrée. L'autonomie totale est souvent négative. Ainsi, selon Nathalie Mons, "une totale décentralisation est associée aux résultats les plus faibles" (Améliorer l'Ecole, PUF). Plus qu'autonomie totale, il convient de trouver le bon équilibre entre les capacités de décision locales et le cadre national dans lequel il s'exerce. Il n'est pas impossible que le modèle qui s'inscrit dans le projet de N. Sarkozy soit celui de l'enseignement privé sous contrat qui associe pouvoir local et gouvernance nationale. Il semblerait hasardeux d'affirmer qu'à recrutement social égal il soit marqué par une efficacité plus grande…
Une autre idée concerne le pilotage du système éducatif par les résultats. Or l'efficacité d'un établissement ou d'un enseignant ne sont pas aussi faciles que cela à établir. L'enseignant efficace, n'est-ce pas aussi celui qui aide les élèves à construire une bonne estime de soi ? C'est sans doute celui dont les élèves ont des acquis supérieurs à ceux de classes comparables. Mais dans ce cas comment faire la part des relations entre les élèves dans ces progrès et celle du maître ? Ces acquis profitent-ils à tous les élèves de façon égale ou le maître n'est-il pas plus efficace avec certains ?
Finalement, seul l'objectif budgétaire est affirmé clairement par le président. Le candidat avait promis un gros effort financier sur les Zep. Cet élément a déjà disparu, seule compte la récupération de moyens. Comment améliorer l'efficacité de l'Ecole avec moins de moyens ? L'équation garde ses inconnues.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Ca fait longtemps que la droite veut privatiser l'enseignement, tout simplement en "ruinant" la capacité d'enseigner qui était la force de l'école publique. Nous allons avoir un gouvernement qui n'aura plus rien à gérer. Il refile à la vitesse grand V , tout ce qui est service public aux privés, telle: la poste,la SNCF, GDF et EDF,et bientôt les services sanitaires. CHU et hôpitaux. Il a déjà refilé les routes et les transports periurbains aux regions, ce qui lui permet de faire des économies pour supprimer des impôts sur les fortunes.
C'est encore les contribuables qui vont casquer. Et puis, ces déplacement de ministres, ici ou là, au moindre pet de travers de la société, commence à nous coûter bon !!
Sarko est en train de se couvrir, en refilant à des hommes "dit de gauche" les commissions vont étudier comment il peut réaliser ses promesses électorales, autyres que les cadeaux fait à ses amis. Et si tout se casse la gueule, alors il dira:"vous voyez, même le gens de gauches n'ont pas trouvé les solutions" il sera dédouané !!

Anonyme a dit…

Lui qui a été un élève médiocre, même pas admis au Lycée Carnot, qui a menti sur son parcours, il me semble mal placé pour faire la morale. Il veut faire des économies sur le dos de l'enseignement et comme d'habitude les plus démunis vont payer...

madame arthur a dit…

On y est : aujourd'hui, 2heures de sport avec aucun encadrant. Même les élèves se sont étonnés que le prof de Français fasse EPS !Pluridisciplinarité? En 4eme, il n'y avait pas de prof de bio tecnologie (cuisine, entretien); c'est l'ANPE qui nous a founit un enseignant! Formation: ancien cuisinier dans un collège! De qui se moque t'on? Qui va faire les frais de cela.

Anonyme a dit…

Tu as vu qu'une association demande une journée sans sarko...

madame arthur a dit…

je suis pour....

"Manman" d'ados a dit…

C'est lamentable que soit permis à des politiques de "jouer" avec l'éducation nationale...
Cette lettre me rend malade.
Ce matin, j'ai entendu aux infos que Darcos a pour projet de rééquilibrer les trois filières du bac... en "évoquant l'idée de les fondre en un bac commun avec options". Voilà, il fait joujou, c'est la principale caractéristique des ministres de l'Education de vouloir laisser une réforme, ils veulent marquer leur territoire comme des clebs de bas étage...
Je pense qu'on devrait supprimer non le Ministère de l'Education Nationale, mais le poste de Ministre...

madame arthur a dit…

Et ce n'est pas fini...En collège, on nous met dans des situations qui ne nous permettent plus d'enseigner aux enfants en difficultés . Moralité: les profs de primaire n'étant pas capables de faire ce qu'on leur demande; il vaut mieux supprimer les segpa et intégrer ces gamins en difficultés dans les classes"normales" où les profs ayant reçus une formation en accéléré les accueilleront...

Anonyme a dit…

Je n'ai pas d'enfants et ne suis pas française, mais quel que soit le lieu, qu'on joue avec l'éducation me rend également malade! Il y a longtemps j'ai fait les frais d'une certaine politique scolaire en Suisse. Pour des raison fallacieuses on m'a empêché de suivre la filière qui mène aux études -en vérité je crois que c'est parce que mes parents étaient fichés comme anti-franquistes actifs- et 35 ans après je ne l'ai toujours pas avalé! On m'a foutue en l'air. On m'a rendue dépressive. Auto-destructrice, et... stérile, puisqu'enfant je me suis promise de ne jamais avoir d'enfants moi-même pour ne pas qu'ils aient à subir d'injustices, et je suis restée fidèle à cette promesse. Je ne crois pas que j'aurai eu la même vie si on m'avait donné l'éducation à laquelle j'estime que j'aurais eu droit!

madame arthur a dit…

Dunia: ton témoignage me fais froid dans le dos : combien d'enfants subissent ce genre de pressions? Ceux qui nous gouvernent et qui ne sont que des hommes ont-ils le droit de jouer ainsi avec la vie ? Nous mêmes enseignants connaissons nous la portée réelle de notre parole ? C'est un témoignage de plus et ça fait mal de lire cela .


«Etre complètement seul ne signifie rien d'autre qu'être complètement fou.»[ Thomas Bernhard ] - Extinction