mardi 23 décembre 2008

Noël d'enfance


Lorsque j'étais enfant j'aimais ces cartes que mes parents recevaient à cette périodede l'année. Ces petites paillettes collées à la carte vous restaient entre les doigts. Je les regardais comme des preuves d'une existence de ces villages enneigés et trop parfaits qui refusaient de me laissaient entrer. Je restais à la porte de ces maisons éclairées dans lesquelles tout le monde semblait si heureux. Je me suis perdue dans la contemplation de ces images....Je souris aujourd'hui à ce souvenir. Il existe toujours ce genre de cartes que plus personne ou si peu aujourd'hui reçoivent. J'ai dû il y a quelques années en acheter un paquet qui traîne dans un tiroir et que personne n'enverra. "C'est trop la loose" dira Fifille et elle aura probablement raison....moi je garderai ce souvenir et je regarderai en core les fenêtres des villes dans lesquelles je serai, s'allumer et j'imaginerai comme lorsque j'étais enfant des bonheurs possibles et des Noëls magiques pour chacun. Alors en souvenir de ces rêves d'enfants, je vous souhaite à tous un très Joyeux Noël!

dimanche 14 décembre 2008

Le cynisme des chiens de Jacky Dahomay

Le récit ahurissant fait par un enseignant du Gers concernant l'intrusion dans sa classe de gendarmes et d'un chien, m'a littéralement bouleversé. Et j'ai pleuré. De rage bien entendu. Je suis un vieil enseignant, à la veille de la retraite. Ce métier a été ma seule vocation. Je me suis toujours tenu pour le seul maître dans ma classe après Dieu (s'il existe bien entendu!) et personne n'y entre sans mon autorisation, ni chef d'établissement, ni inspecteur, ni ministre et, a fortiori, ni gendarme ni chien.
Impossible! A moins d'un cas de force majeure grave que le chef d'établissement devra m'expliquer au préalable. Je le dis donc tout net: si une telle chose m'arrivait, je donnerais l'ordre aux élèves de désobéir. Telle est mon éthique de professeur. J'estime ma mission d'enseignant plus haute que ma propre sécurité.
L'école de la République vise aussi à former des citoyens incommodes.
En vérité, depuis quelques années, les enseignants s'accommodent de bien de choses inacceptables. Oublient-ils ce principe républicain qui veut que l'instruction publique vise aussi à former des citoyens incommodes?
Comment en est-on arrivé là? Tout se passe aujourd'hui comme s'il y avait une redoutable confusion des rôles, des institutions comme de leurs fonctionnaires. De toute évidence, au niveau des responsables de l'Etat comme au sein de la population, il y a confusion entre l'espace public propre à l'école et d'autres formes d'espaces publics ou communs. Or, l'école n'est pas publique au sens ou peuvent l'être les chemins de fer, les télécommunications ou la place du marché. Cela fait des années qu'on croit bien faire en ouvrant l'école sur l'extérieur. La rue y est rentrée, avec son lot de désagréments. Si la rue peut enrichir l'expérience, seule l'école donne une véritable instruction. Comment des vérités aussi élémentaires peuvent-t-elles avoir été oubliées?
Admettons qu'un policier ait toute légitimité pour procéder à des fouilles dans les aéroports et dans la rue (à condition bien sûr que cela ne s'adresse pas qu'aux basanés!): cela lui donne-t-il pour autant le droit de se substituer à l'autorité du maître dans sa classe? On a souvent du mal à distinguer entre le maître qui impose une domination et le maître qui exerce un magistère. Et comme ce principe s'est perdu, le maître-chien, fût-il gendarme, se sent autorisé lui aussi à prendre la place de l'enseignant à l'école. Et quand un magistrat se permet de croire que la peur du gendarme introduite brutalement à l'école est ce qui préservera les élèves de la délinquance, on se demande, bien que n'étant pas Gaulois, si le ciel n'est pas tombé sur notre tête! La peur et la répression ont remplacé la mission éducative de l'école. Quel échec! De la pratique quotidienne du massacre de citoyens.
ait-on simplement que lorsque le chien et le gendarme se substituent à l'autorité du maître à l'école, c'est que les loups hurlent déjà aux portes de nos villes. Il s'ensuit en général un bruit de bottes sur les trottoirs. Mon cœur donc gronde de colère et qu'on le laisse faire! Il y a des moments où la raison raisonnante devient impuissante et laisse place àl'indignation. Toutefois, des chiens, préservons-nous de leur rage et de leur cynisme. J'emprunte cette expression "le cynisme des chiens" à Chateaubriand qui, dans ses "Mémoires d'outre-tombe", l'utilise pour qualifier les révolutionnaires qui, sous la Terreur, bons père de famille, emmenaient leurs enfants se promener le dimanche en prenant soin de leur montrer en passant le dada des charrettes qui conduisaient des citoyens à la guillotine. Le cynisme est dans la contradiction voulue et assumée opposant les grands principes humanitaires qu'on affiche et la pratique quotidienne du massacre de citoyens. Aujourd'hui, nous avons affaire à une autre forme de cynisme. Dans le spectacle que donne à voir par exemple le Gouvernement actuel de la
France. Le président, Nicolas Sarkozy le premier. Loin de moi l'idée de vouloir l'affilier à une quelconque gent canine. Mais son cynisme consiste à affirmer une chose et son contraire, à soutenir un ministre un jour, à le désavouer le lendemain, à parler constamment à la place de ses ministres. Dans son agitation ultra médiatisée, il procède à une véritable désymbolisation constante des institutions de la république. Il y a bien là un travail d'affaiblissement de l'autorité de ces dernières. Pour parodier Hannah Arendt, disons qu'il y a aussi perte d'autorité quand les adultes refusent d'assumer le monde dans lequel ils ont mis les enfants, les vouant ainsi à une culture de la violence. Le refus de l'éducation est l'étalage de la répression et le culte de la sécurité. On croit que la sécurité n'est qu'une affaire de police alors qu'elle réside avant tout dans le contrat liant les citoyens,
contrat implicite et symbolique comme sortie de l'état de nature. C'est ce refus de l'éducation qui pousse à vouloir incarcérer des enfants de douze ans. Reste maintenant à obliger des psychiatres à inventer une substance antiviolence qu'on inoculerait aux femmes enceintes, sans leur consentement bien entendu. Insidieusement se met en place une forme de totalitarisme forcément inédite Tout cela est grave, très grave. La démocratie ne fait pas toute la légitimité d'une république. Un pouvoir tyrannique peut se mettre en place démocratiquement. L'histoire, comme on sait, ne se répète pas et les formes de totalitarisme à venir sont forcément inédites. Nous sentons bien qu'une nouvelle sorte de régime politique,
insidieusement, se met en place. Quand, à l'heure du laitier, un journaliste est brutalement interpelé chez lui, devant ses enfants; quand des enfants innocents sont arrachés de l'école et renvoyés dans leur pays d'origine; quand une association caritative est condamnée à de lourdes amendes pour être venue en aide aux sans abris; quand… Même si nous n'avons pas encore tous les éléments théoriques permettant de penser ce régime inédit, il se "présentifie" déjà avec des signes certains de la monstruosité. Face à tout cela, le PS, principal parti d'opposition, se déchire lamentablement. L'heure serait-elle venue, pour nous enseignants du moins, d'entrer dans la désobéissance civile? Je ne parle peut-être pas d'outre tombe mais je suis d'outre-mer. Comme beaucoup d'Antillais, j'ai aimé une certaine France malgré l'esclavage et la colonisation, malgré Vichy et la collaboration.
Cette France qui à deux reprises, a su abolir l'esclavage, celle qu'on a cru ouverte aux Droits de l'homme et aux valeurs universelles. Celle dont l'école, malgré ses aspects aliénants pour nous, a su donner le sens de la révolte à un Césaire ou à un Fanon. Qu'il faille dépoussiérer cette vielle école républicaine ne signifie pas qu'on doive la jeter avec l'eau du bain. Est aussi à réviser cette identité républicaine hypocrite qui a du mal à s'ouvrir à la diversité. Et quand on constate que monsieur Brice Hortefeux, ministre de cet affreux ministère de "l'Intégration, de l'identité nationale et de l'immigration", aux relents franchement vichyssois, se permet de réunir, à Vichy précisément, les ministres européens chargés des questions d'immigration, on peut légitimement penser qu'il y a là une continuité conservatrice inquiétante. Ce ministre rend visite le 10 décembre au Haut conseil à l'Intégration. Je n'y serai pas. J'annonce ici publiquement ma démission du HCI. Cette France qui vient ou qui se met en place sournoisement, je ne l'aime pas. Devrions-nous alors, d'outre-mer, faire dissidence? Je ne sais pas. Ce qui est sûr en tout cas, c'est que la plus grave erreur serait de se dire, comme à l'accoutumée, que les chiens aboient et que la caravane passe.

Jacky Dahomay est professeur de philosophie à la Guadeloupe et
démissionnaire du Haut conseil à l'Intégration.

lundi 8 décembre 2008

Au poste, d'autres moustaches m'ont dit, Au poste, "Ah ! mon ami, C'est vous le chanteur vagabond ? On va vous enfermer... oui, votre compte est bon."


Régime policier depuis que notre Prez Nicolas Ier est au pouvoir aidé par ses sbires Heurtefeu et consorts, notre patrie "des droits de l'homme" est mise à rude épreuve: descente dans les écoles, contrôle de pièces d'identité à tout va, la police qui joue les cow-boys....On ne peut que constater.....alors oui c'est le moment de s'engager et de prendre position. notre résistance est là dans les soutiens aux démunis, sans papiers et autres mouvements de défense. Je me moque pas mal d'être prise en photo et fichée. la dernière en date: dans notre ville même: notre mairesse UMP, a catalogué notre groupe de musiciens de: "soutien de la gauche radicale" et a refusé de faire appel à nous pour des animations de Noël. M'en fous de toute façon je vais pas mettre un bonnet pour faire la conne dans la rue...faut pas me prendre pour Annie Cordy non plus. Et bien si parce que j'ai chanté pour des sans papiers , je suis une dangereuse agitatrice , j'assume et je n'irai pas faire la pompom girl au marché de Noël! On a sa fierté tout de même!

dimanche 7 décembre 2008

position: essorage


Mi-décembre, la fatigue m'a envahie. Peu aidée dans ce travail prenant au-delà de ce que j'imaginais, je craque. Les cas difficiles nous les portons seuls mes collègues et moi-même. Les responsables se cachent derrière leur ordinateur et les nouveaux textes officiels à étudier de près! Pendant ce temps là il faut gérer la violence, la peine et les histoires glauques de nos élèves. Les relations sont conflictuelles et au plus haut de la hiérarchie on préfère ne pas savoir notre désarrois. la plainte est donc inutile. A la fin de l'année, si nos sommes trop fatiguées nous demanderons tous notre changement pur une autre structure. D'autres arriveront alors qui ne resteront pas plus longtemps que les précédents. Kleenex , voilà ce que nous sommes. Utilisés, essorés, usés, jetés...avec une impression d'inutilité. La conjuration des imbéciles reste la plus forte.

«Etre complètement seul ne signifie rien d'autre qu'être complètement fou.»[ Thomas Bernhard ] - Extinction