samedi 2 juin 2007

devoir de reserve

Hier, je suis allée visiter un établissement scolaire un peu spécial. On appelle ça un EREA. Je ne voudrais pas faire café du commerce, mais j'ai besoin d'en parler. Nous savons tous qu'il y a des enfants en grande détresse, ça nous touche mais qu'y pouvons nous, n'est ce pas? C'est bien pour ça que j'ai décidé de m'investir dans ce métier plus que je ne le faisais jusqu'alors ou tout du moins differement. Durant notre formation , on nous demande d'être professionnel. C'est quoi professionnel? Eh bien, d'avoir des geste professionnels, des comportements professionnels. On précise? Pas d'investissement affectif sous peine de ne pas avoir la bonne réaction et de ne pas être efficace. Bon je comprends! Et puis aussi, connaitre les textes qui régissent les structures, et puis l'histoire de la structure et puis encore les noms des grands pédagos et puis, et puis....j'en étais là, acceptant tout cela, parce qu'il est certain qu'il est important de connaitre les cadres pour pouvoir aider au mieux, mais tout à coup, je l'ai vu, elle, la gamine. Petite bouille, gros mot dans la bouche, narguant le prof qui venait de lui demander de sortir car trop, c'est trop certaines fois. La prof, jeune femme de 25 ans, première année d'enseignement venait de s'entendre dire"toi, ta gueule, tu sais pas ce que c'est qu'avoir un gosse, moi si!" Elle a 14 ans,sa fille a 1an. Le juge l'a jugée inapte à rester avec l'enfant. Rejetée par ses parents depuis longtemps, elle a fait un enfant avec un toxico de 28ans. Elle a dit qu'elle avait besoin d'être aimé et que cet enfant allait lui donner ce qu'elle n'avait pas. Echec sur toute la ligne la mère et l'enfant sont séparés et elle ne l'a vu que deux fois depuis le début de l'année. Je ne parlerai pas des autres cas, plus glauques encore. On n' est pas dans une émission de télé réalité. Je voudrais que ces enfants là sachent qu'ils existe des adultes capables de les respecter et de les aimer. Difficile d'admettre la faillite de l'enfance , victime de l'égoïsme des adultes. C'est même, bien sûr plus compliqué que cela. Il faudrait parler , des générations de famille qui reproduisent comme une fatalité cette misère sans s'en rendre compte car ils ne savent pas qu'autre chose existe. Tout à coup, je me dis que fifile ne pose pas autant de problèmes que ça!

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Comment faire pour aider ces enfants,surtout cette jeune mère, car même encore enfant,c'est une mère. Je ne sais pas si la séparation d'avec son enfant est une bonne chose. Il devrait y avoir des structures qui devraient leurs permettre de se reconstruire. Bien sûr ça coûte du temps et de l'argent. Et ça, c'est plus difficile à trouver, alors les gosses..... Bon Dimanche tout de même.

Anonyme a dit…

Là, je n'ai rien à dire, mais je l'ai pris dans la gueule sévère.
"la faillite de l'enfance, victime de l'égoïsme des adultes". C'est malheureusement tout à fait ça.


«Etre complètement seul ne signifie rien d'autre qu'être complètement fou.»[ Thomas Bernhard ] - Extinction