dimanche 13 mai 2007

RENNES :des « jeudis noirs » bien orchestrés


Il avait fallu quelques mois à Rennes pour remplacer les « bastons du jeudi soir » par une série de petite fêtes bien sympa : concerts, sport, hip-hop, théâtre, visite de nuit, dans le centre ville comme dans les quartiers, les MJC, les parc municipaux. Bénévolement ou à « prix cassé » tout le monde s’y était mis : des assoc’, des musiciens, des petits compagnies de théâtre ou de danse, des profs de sports, des habitants avaient peu à peu remplacé les CRS sur le pavé rennais, après un bras de fer entre Edmond Hervé (maire PS) et la redoutable et non regrettée préfette Malgorn, remplacée depuis.Malgorn est partie mais la paix retrouvée ne fait pas plaisir à tout le monde. XXXX habite place de Lices et sa fenêtre lui offre un bel observatoire : « Il est 3h du mat. Réveillée par des cris et un peu de casse, comme presque tous les soirs depuis le 6 mai, -sombre dimanche-. je me mets à ma fenêtre. Je suis juste en face de l'horloge et des grosses poubelles. Il y a là une trentaine de jeunes. Parmi eux, 5 ou 6 avec des capuches paraissent plus nerveux que les autres. Il traînent près de l'entrée du bar « le Zinc », puis courent vers l'horloge. Deux secondes après un truc, genre « gros pétard avec étincelle » éclatent près du bar. Une partie d’une groupe n’apprécie pas et s’en va, mais les « capuches » semblent s’amuser comme des folles. J’aperçois une fille dans le groupe. Mes « capuches » s’approchent alors des grandes poubelles et y mettent le feu : ça flambe très haut et très vite.Profitant de la joie ambiante : une des mes « capuches » attrape une plaque de fer qui se trouve devant l’Hôtel des Lices. « Hou la ça va casser fort ! » je me dis derrière ma fenêtre . Heureusement un gardien de l’hôtel intercepte la « capuche » , lui arrache son projectile et revient vers l’hôtel où les autres se sont attroupés pour observer le match. J’ai peur que ça vire à la bagarre rangée entre le « pov’ gardien » et la bande de capuches. Un 2ème gardien de l’hôtel arrive à la rescousse… Courageusement il fonce vers le casseur à capuche et … lui serre la main ! ça papote ça rigole et l’hôtel se referme tranquillement.Quelque chose m’échappe.Bref… le feu continue, mes « p’tites capuches », en haut des escaliers de la place observent la flambée comme au coin de feu. Je suis presque soulagée de voir les CRS arriver : au moins ces fouteurs de merde seront pris sur le fait ! Les CRS sont une petite dizaine. Ils s'approchent, les entourent et… et rien ! Enfin si : flics et capuches se serrent la main. A nouveau, ça papote et ça rigole comme une chouette bande de copains qu’ils sont !De mieux en mieuxUne de « capuches » , sans doute pour garder un souvenir de ce bon moment en famille prend la pose devant une poubelle en flamme et demande à un CRS de le prendre la photo avec son téléphone portable. Touchant comme scène. Un type qui passe à pied trouve ça aussi très touchant. Il gueule « Mais c'est quoi c'bordel ! Vous faite des photos pour les médias ? C'est quoi ce plan?? "Il n'a pas le temps de finir sa phrase ! D'autres types en civil, matraque à la main, lui parlent gentiment. Pas frappé, juste fait taire. Discrètement.J'abandonne ma fenêtre au moment ou les capuches et les civils (avec matraque) commencent à courir vers la halle Martenot... Il doit rester quelques poubelles intactes la-bas. Les CRS restent là à rêver devant les braises…Quelle poésie. La place est calme à présent. Bonne nuit ! »

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Mais ? Marie tu es en Tchétchénie ? (gourrée de correspondance au cours de ton voyage?), ou bien ? Ton récit rappelle étrangement les petits films vidéos d'amateur qui démasquaient les violences policières au cours des "banlieues".

madame arthur a dit…

non, non, le breton connaît aussi les manipulations policières.


«Etre complètement seul ne signifie rien d'autre qu'être complètement fou.»[ Thomas Bernhard ] - Extinction