dimanche 7 septembre 2008
C'est reparti !
En classe depuis une semaine, il faut relancer la machine. C'est le moment le plus difficile de l'année. On est sur des sables mouvants, on ne sait ou aller. il faut regarder ces paires d'yeux et faire jaillir l'étincelle. Celle qui fera qu'on saura qu'on peut accompagner les élèves dans leur apprentissage;, celle qui voudra dire :tu m'intéresses vas-y, je te donne l'autorisation de me parler et je me donne l'autorisation de t'écouter.
Je suis en train de construire le groupe, les groupes! J'ai peur, comme tous les ans, peur de ne pas leur donner ce à quoi ils ont droit, peur de ne pas faire mon travail correctement. Plus encore que n'importe quel autre collégien, ils ont besoin de toute mon attention et que je me donne à fond pour eux, parce que pour la plupart ils sont déjà sur la voix de garage de la vie professionnelle. Dans 4 ans ils seront sur le marché du travail ou presque.
Je suis le prof de français! on me demande la lune! Qu'est ce que c'est la lune? Pour le ministère ces collégiens sont des collégiens comme les autres, ils ont donc le même programme que les autres. On peut avoir plusieurs points de vue sur la situation. Le point de vue angélique: tout le monde a droit aux mêmes chances. Le point de vue des enseignants qui sont face à ces ados en grande difficulté: les mêmes chances oui, mais il est inutile d'aller noyer des gamins dans un enseignement qui leur échappe totalement.
Jusque là on formait des enseignants spécialisés qui devaient adapter le programme pour ces collégiens. Depuis le mois de Juin , les IUFM sont supprimés. Les futurs enseignants titulaires du master 2 ayant passé le concours se retrouveront après 6 mois de stage dans des classes de toutes sortes. Il y aura ainsi des super diplômés en chimie face à des enfants de deux ans ou bien face à nos ados en perdition, tétanisés devant le savoir obligatoire qui doit être dispensé.
Je sais que je prend des raccourcis, je me devrais d'expliquer davantage la situation. Pour l'instant je ne peux crier "qu'alerte" et c'est un cri dans le désert que je ne suis pas la seule à pousser. L'étape prochaine sera la suppression des classes spécialisées " pour le plus grand bien des élèves et pour une meilleure intégration" ce que je ne crois absolument pas. Les profs de collège sont-ils vraiment prêts à dispenser un enseignement différencié? Abandonneraient-ils le sacro-saint régime des notes comme la véritable sanction d'un travail? Pensez-vous vraiment que nos élèves avec un à deux ans de retard soient heureux dans ces classes surchargées dans lesquelles le rythme de travail sera le même pour tout le monde? Cette année dans quelques SEGPA, il n'y a déjà plus de classe de sixième. Les parents refusent que leurs enfants aillent dans ces classes dites "classes poubelles ou classes de gogols", il faut aller à leur rencontre, parler, se défendre, persuader. Voilà, l'état d'esprit dans lequel je me trouve en ce moment. J'ai peur de ce nivellement, de cette non-prise en compte de la différence sous le prétexte démagogique et fallacieux de l'égalité des chances. Ces élèves en difficulté , dans ces classes , avec cet enseignement inadapté seront le terreau qui engendrera la révolte et la violence.Que deviendront-ils alors?
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«Etre complètement seul ne signifie rien d'autre qu'être complètement fou.»[ Thomas Bernhard ] - Extinction
4 commentaires:
Nos politiques se fiches pas mal des laissés pour compte, que ce soit dans le scolaire ou dans la vie sociale. ils pensent tous, que c'est normal dans cette société.
Passes une soirée de repos.;-)
"Se fichent pas mal" !!!!!
Je ferai bien de venir dans ta classe !!!!!!!!
Viens il y a de la place et tu pourras leur dire....de ne pas se laisser tomber
On pariait sur "une rentrée chaude", qu'en penses-tu? Je ne connais pas le milieu de l'enseignement, mais je te souhaite bien du courage! Bises
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