lundi 5 novembre 2007

mourir la belle affaire, mais vieillir

Je ne sais pas par où commencer. la grand mère de l'homme a 100ans. Elle vient de se casser le fémur pour la 3eme fois. Ce coup-ci ça va mal . Les parents de l'homme ne savent pas quoi faire. Grandma est à l'hôpital, à ma stupeur il a été question de l'opérer "opération de confort" a dit le chirurgien, toujours mieux que de la laisser souffrir. Bon ai-je pensé: Que vaut-il mieux? Et puis les jours suivants Grandma s'est enfoncée. Les médicaments n'y étaient pas étrangers, là encore, il ne fallait pas qu'elle souffre. L'homme et moi avions prévenu de son allergie à la morphine (les parents de l'homme n'avaient rien mentionné), il n'en a pas été tenu compte. Résultat: l'horreur, Grandma n'est plus avec nous, elle délire complètement. Arrêt immédiat de la morphine remplacée par un autre antalgique, Grandma continue à délirer. Je vais deux fois par jour à l'hôpital, j'y reste pour la faire manger et lui parler beaucoup. De temps en temps elle a un éclair de lucidité. Les parents de l'homme disent merci , mais pensent que je perd mon temps et que je ferai mieux de rester chez moi, puisqu'elle ne me reconnaît pas. A l'hôpital, il n'est plus question de l'opérer, l'anesthésiste craint qu'elle ne se réveille pas. Alors quoi faire de Grandma? Elle occupe un lit et à l'hôpital il n'y a pas beaucoup de place. Il faut la renvoyer à la maison de retraite avec sa jambe cassée et une atelle. Les parents de l'homme ne veulent pas la remettre là-bas car elle manquera de soins disent-ils, ils préfèrent la mettre en moyen séjour dans un lieu assez éloigné de chez nous et...de chez eux. Je ne sais pas comment je pourrai faire pour aller la voir. Je passe déjà beaucoup de temps à l'hôpital, alors là!
Voilà donc les faits. Est-il nécessaire que je passe à l'analyse ? J'ai senti à un certain moment de l'histoire qu'on attendait une issue fatale qui aurait arrangé tout le monde. Maintenant, cette vie devient un poids. Grandma a beaucoup donné dans sa vie. Pendant 30 ans elle a soigné quotidiennement son fils accidenté de la route paraplégique. Elle nous a accueilli tous les étés en vacances. Elle était drôle et fine, accueillante et donnante. Aujourd'hui que sommes nous capables de lui donner ?
Des pensées sur la vieillesse m'obsèdent depuis longtemps et que je ne gèrent absolument pas. Et là me revient la chanson de Brel: "mourir cela n'est rien , mourir la belle affaire, mais vieillir, vieillir.

6 commentaires:

"Manman" d'ados a dit…

Au minimum, rendre la fin de vie la plus douce possible...

Anonyme a dit…

La grand-mère d'Eliane est décédée, à 15 jours de ses 100 ans. Elle avait été opérée du col du fémur, marchait avec une canne, mais quand tu voulais prendre une photo, elle jetait la canne. J'ai même une photo d'elle avait la canne par terre à 3 mètre d'elle. Elle a joué une bonne farce au Maire qui avait déjà prévue la fête pour la centenaire.
Ma mère est partie à 93 ans. Toute deux avaient toute l'heure tête.

Mais c'est vrai, que maintenant avec les hôpitaux payés à l'acte, que vont devenir certains de nos vieux. En service neurologie, où je suis allé 5 fois, ils y sont très nombreux. Alors, il va falloir recréer les mouroirs d'antan !!
:**

Anonyme a dit…

je viens de me relire,et me suis aperçu que je n'avais vraiment pas toute....ma tête tout à l'heure.

Elles avaient encore toutes les deux leur tête !!!!!!! bien sûr !!

madame arthur a dit…

l'heure tête était de circonstance! Patriarch tu es poète sans le savoir!

Anonyme a dit…

100 ans avec tous leurs conseils, ça va devenir très courant, qu'allons nous faire de ses grands vieillards, l'époque n'est plus aux grandes maisons et je crois que nous sommes devenus plus égoistes...

Anonyme a dit…

Je comprends très bien, je sens ce que tu ressens. Je reviens de 4 jours chez mon père, 90 ans (la fin de ma mère cet été, je l'ai écrite) et il perd la tête.
Le problème est que nous, les enfants sommes très loin.
Vieillir c'est un scandale. Il n'y a Jamais de fin heureuse à nos histoires.
Je suis en pensée avec toi. Protège toi, pense aussi que tu dois continuer à jouer.
(Ma fille jouait le spect. René Char dans la Cour d'Honneur à Avignon cet été quand ma mère est décédée. Je lui ai dit et redit la même chose au tél.,"Tu dois jouer, ta place est là-bas', même si elle dans un état second en scène).
Pour te répondre vite : Je n'ai que ça à l'esprit (la fin, hospice ?) au point que j'en ai fermé mon blog.


«Etre complètement seul ne signifie rien d'autre qu'être complètement fou.»[ Thomas Bernhard ] - Extinction