mercredi 9 mai 2007

la raison de la défaite

La déception ressentie par la gauche est à la hauteur des espoirs nés durant cette campagne. Au delà des jugements péremptoires sur une France qui aurait basculé à droite, ou de la tentation de trouver un bouc émissaire dans la candidate qui a échoué dans sa tâche, l'observation des résultats permet de comprendre où la gauche a échoué.Les règlements de compte ont commencé. Trop à droite pour certains, pas assez à gauche pour d'autre, manquant de propositions concrètes pour beaucoup, l'échec de la candidate socialiste est l'occasion pour tous d'entonner le « je vous l'avais bien dit » des déçus de tous bords.Si la déception est grande, faut-il pour autant céder à la tentation simpliste de conclure à un basculement historique de la France vers la droite ?De fait, la réalité est toujours plus complexe que les conclusions amères et trop rapides, auxquelles ont peut être tenté de se laisser aller au lendemain de la défaite.Le score de Ségolène Royal n'est pas bon, certes, mais il s'inscrit dans la fourchette des précédents scrutins présidentiels, et est supérieur à celui obtenu par Chirac contre Mitterrand II en 1988.10 mai 1981 Mitterrand 51,76 / Giscard 48,24 absention 14,158 mai 1988 Mitterrand 54,02 / Chirac 45,98 absention 15,937 mai 1995 Chirac 52,64 / Jospin 47,36 abstention 20,34La ventilation du vote par statut professionnel montre que la gauche, si elle est loin d'avoir retrouvé l'entière confiance des classes populaires, y reste majoritaire, même si c'est d'une courte tête.Le vote Sarkozy / Royal par catégorie socio-professionnelle Agriculteurs 67% / 33% Artisans Commerçants 82% /18% Professions libérales, Cadres Sup 52% / 48% Professions intermédiaires 49% / 51% Employés 49% / 51% Ouvriers 46% / 54%Si la droite est sans surprise majoritaire ches les artisans et commerçants, libéraux et cadres supérieurs, elle n'a pas réussi à convaincre les couches populaires, contrairement à ce qu'elle proclame.Par contre, en observant la ventilation par statut d'emploi, on constate un déficit significatif chez les salariés du privé.Le vote Sarkozy / Royal par statut Salarié du privé 53% / 47% Salarié du public 43% /57% Travailleurs indépendants 77% / 23% Chomeurs 42% /58% Retraités 65% / 35%Si l'on observe, comme on pouvait s'y attendre, que les travailleurs indépendants ont été largements séduits par les promesses d'allègement d'impôts de Sarkozy, la sous représentation du vote Royal chez les retraités confirme la réalité pointée dans un précédent article qui avait alerté sur les chiffres impressionnant que recueillait le vote Sarkozy chez les séniors.La démographie vieillissante de la France transforme la réalité sociologique du pays, et la gauche visiblement n'a pas pris la mesure de ce phénomène. A titre d'exemple, lors du face à face Royal Sarkozy, aucune mesure spécifique en faveur des retraités n'a été évoquée par la candidate de gauche en direction des 1O millions d'électeurs agés de 65 ans et plus qui représentent potentiellement près du quart de l'électorat.La ventilation des votes par tranche d'âge confirme cette tendance :Le vote Sarkozy / Royal par tranche d'âge 18 à 24 ans 42% / 58% 25 à 34 ans 57% / 43% 35 à 44 ans 50% / 50% 45 à 59 ans 45% / 55% 60 à 69 ans 61% / 39% 70 et plus 68% / 32%Mais elle fait aussi apparaitre un « trou » significatif chez les jeunes actifs, qui pose une vraie question. Les appels à « libérer le travail » ont visiblement rencontré un fort écho dans une tranche d'âge qui éprouve aujourd'hui les plus grandes difficultés pour s'insérer dans la vie professionnelle.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci pour votre analyse intéressante.
Personnellement, je ne pense pas que la France soit en train de basculer à Droite, mais "ailleurs".
Avec l'élection de Nicolas Sarkozy, les français ont fait le choix du bon sens et du retour à des valeurs morales... qu'apprécient particulièrement les seniors,comme vous le dites justement.
Les français attendent beaucoup du nouveau Président, mais tous ceux qui ont voté Sarkozy ne sont pas de droite !
Ce qu'on peut rêver, c'est d'une France réconciliée, consciente de ses difficultés, qui partage à la fois des constats et des visions sur les grands dossiers.
On en a assez des clivages Droite/Gauche, de la logique d'opposition d'une France par rapport à l'autre.
On veut une France fraternelle, généreuse, enthousiaste, qui passe d'abord par l'humain, l'individu. Il faut la liberté pour chacun, celle qui engage, celle qui laisse de la place pour l'initiative et la responsabilité. Pas une liberté décrétée, organisée, gérée sur le plan administratif, et qui engendre finalement de nouvelles inégalités.

Anonyme a dit…

Anonyme enlève ton masque t'as les zoreilles qui dépassent et on a bien vu tes talonnettes...


«Etre complètement seul ne signifie rien d'autre qu'être complètement fou.»[ Thomas Bernhard ] - Extinction