Je ne sais pas par où commencer. la grand mère de l'homme a 100ans. Elle vient de se casser le fémur pour la 3eme fois. Ce coup-ci ça va mal . Les parents de l'homme ne savent pas quoi faire. Grandma est à l'hôpital, à ma stupeur il a été question de l'opérer "opération de confort" a dit le chirurgien, toujours mieux que de la laisser souffrir. Bon ai-je pensé: Que vaut-il mieux? Et puis les jours suivants Grandma s'est enfoncée. Les médicaments n'y étaient pas étrangers, là encore, il ne fallait pas qu'elle souffre. L'homme et moi avions prévenu de son allergie à la morphine (les parents de l'homme n'avaient rien mentionné), il n'en a pas été tenu compte. Résultat: l'horreur, Grandma n'est plus avec nous, elle délire complètement. Arrêt immédiat de la morphine remplacée par un autre antalgique, Grandma continue à délirer. Je vais deux fois par jour à l'hôpital, j'y reste pour la faire manger et lui parler beaucoup. De temps en temps elle a un éclair de lucidité. Les parents de l'homme disent merci , mais pensent que je perd mon temps et que je ferai mieux de rester chez moi, puisqu'elle ne me reconnaît pas. A l'hôpital, il n'est plus question de l'opérer, l'anesthésiste craint qu'elle ne se réveille pas. Alors quoi faire de Grandma? Elle occupe un lit et à l'hôpital il n'y a pas beaucoup de place. Il faut la renvoyer à la maison de retraite avec sa jambe cassée et une atelle. Les parents de l'homme ne veulent pas la remettre là-bas car elle manquera de soins disent-ils, ils préfèrent la mettre en moyen séjour dans un lieu assez éloigné de chez nous et...de chez eux. Je ne sais pas comment je pourrai faire pour aller la voir. Je passe déjà beaucoup de temps à l'hôpital, alors là!
Voilà donc les faits. Est-il nécessaire que je passe à l'analyse ? J'ai senti à un certain moment de l'histoire qu'on attendait une issue fatale qui aurait arrangé tout le monde. Maintenant, cette vie devient un poids. Grandma a beaucoup donné dans sa vie. Pendant 30 ans elle a soigné quotidiennement son fils accidenté de la route paraplégique. Elle nous a accueilli tous les étés en vacances. Elle était drôle et fine, accueillante et donnante. Aujourd'hui que sommes nous capables de lui donner ?
Des pensées sur la vieillesse m'obsèdent depuis longtemps et que je ne gèrent absolument pas. Et là me revient la chanson de Brel: "mourir cela n'est rien , mourir la belle affaire, mais vieillir, vieillir.